Crise du journalisme et des médias : 1 - S'approprier internet

Publié le par Moktarama


        Le journalisme traverse, dans les pays développés du moins, une des plus graves crises de son existence. Je m'attacherais ici à la situation française en la matière, alors qu'ont lieu des Etats Généraux de la presse où les journalistes et les lecteurs sont absents !


        Cette crise est d'une ampleur sans précédent car deux problèmes fondamentaux se sont posés ces dernières années, or pour l'instant peu de journalistes se sont attelés à y répondre, la majeure partie de la profession semblant aveuglée par de faux problèmes et une certaine résignation. D'un côté, il y a une perte de confiance presque totale de la population envers les journalistes eux-même et la grande presse en général, facteur non négligeable dans la chute drastique des ventes et des audiences de ces dernières années, mais aussi à l'origine d'un déficit d'image tel qu'il entrainerait la faillite de n'importe quelle entreprise. C'est d'ailleurs ce qu'il est en train de se passer à l'échelle des journaux papier. Je ferai des propositions très concrètes à ce sujet dans un second billet. 


        Je parlerai ici du second problème majeur du métier de journaliste actuellement : l'arrivée d'internet, puis son succès immédiat et massif en tant que canal de diffusion « suprême » , a complètement destabilisé, pour ne pas dire laissé de côté, le milieu journalistique. Une génération toute entière s'en est emparée, et plus largement toute une partie de la population, et a de ce fait un avantage non négligeable sur des journalistes n'ayant pour la plupart pas effectué de transition et qui semblent, même pour ceux des « pure players », découvrir certaines choses qui apparaissent aux internautes avertis tout simplement évidentes.


        Cette – petite – série d'articles ne prétend pas à l'invention de toutes les pratiques qui seront proposées, pour ce qui est d'internet certains médias les appliquent partiellement, l'objectif ici est de proposer un travail de synthèse de ce qui me semble constituer un ensemble de pratiques, qui se généralisera plus ou moins vite selon les capacités d'adaptation rapide de la profession. Cette adaptation comprendra également la vitesse à laquelle les rédactions basculeront tout entières pour concevoir un contenu avant tout produit pour internet. On en est encore très loin...


        Tout ce qui sera proposé dans ces billets concernera le journalisme en général, avec la sérieuse réserve suivante : je vise dans ce premier billet essentiellement le journalisme “papier” , même si certaines des propositions formulées peuvent s'appliquer aux médias passant par d'autres canaux de diffusion que le papier, et qui sont encore plus en retard dans leur utilisation d'internet.


        Je fais partie de ce que les journalistes ont tendance à désigner comme « génération internet », j'ai passé presque la moitié de ma vie avec internet comme canal de diffusion privilégié. Il m'est plus naturel de passer par internet que par tout autre canal de diffusion, que ce soit pour lire les journaux, regarder la météo, écouter de la musique, regarder des documentaires ou séries, chercher une séance de cinéma ou un restaurant et un tas d'autres choses encore.


        La raison en est simple : utiliser internet – pour un habitué - vous rend bien plus efficace dans ce que vous faites, quelque soit votre travail et en particulier pour la recherche, la synthèse et la diffusion des informations. Le journalisme et l'information ont peut-être trouvé là un canal de diffusion idéal : nous allons voir pourquoi, et surtout comment le journaliste et les médias doivent réinventer l'usage de leur métier à travers internet.


        Certes, rien n'est gratuit : avoir une solide formation à l'usage d'internet permet d'accéder à des possiblités presque infinies dans le domaine de l'information – de sa récolte à sa diffusion - , mais crée en contrepartie de nouvelles contraintes que beaucoup pourraient trouver trop lourdes. Nous verrons en quoi ces contraintes sont en fait indispensables aujourd'hui, et fortement positives dans l'exercice du métier de journaliste.





Les possibilités de ce nouveau canal de diffusion




1/ Plus aucune contrainte de place, de diffusion – RIP les NMPP et le prime time – et de présentation de l'information :


        Vous voulez agrémenter un article de photos haute résolution, d'une infographie, d'un rapport parlementaire, d'une vidéo, ou de tout cela à la fois ? Pas de problèmes, il n'y a pas de nombre de pages limité, un créneau horaire limité – « non, désolé, on n'a que 2 min pour l'international, on passera ça un autre jour » - , ou quoi que ce soit de « limité » . Vous avez trois canaux de diffusion pour faire passer vos informations, et ceux-ci sont modulables à volonté.



2/ Une collecte des informations simplifiée, exhaustive et en temps réel :


        Alain Johannès a développé à ce propos plusieurs synthèses. La veille médiatique est un des aspects qui profite le plus des possibilités d'internet, tout comme l'analyse en profondeur de l'actualité, ou l'identification des points d'origine de l'information, ou la vérification de la qualité des sources.



3/ La participation des lecteurs :


        Ces lecteurs, si vous les prenez au sérieux, pourront vous apporter beaucoup : des informations supplémentaires, des corrections éventuelles, et toutes sortes d'informations sur vos lecteurs. Parfois même de véritables petites analyses, qui vous aideront pour votre propre compréhension d'un sujet donné ou vous donneront des pistes pour un futur article. Il se pourrait même que certains de ces lecteurs vous intéressent, et vous procurent sur le long terme des informations pertinentes.



4/ La participation du public :


        Le public, et j'entends par là la population globale des internautes sur la population totale de l'aire désirée de collecte d'informations, peut vous apporter encore beaucoup plus. Soyez exigeants vis-à-vis des sources, mais n'hésitez pas à consulter activement – prenez 30 min par jour pour vous balader sur le net librement en partant des domaines que vous traitez – les médias non-institutionnels – blogs, forums, agrégateurs, sites web en tout genre. Ces derniers sont riches en informations, mais aussi en idées, en réflexions pertinentes, en passerelles entre sujets, en bref ils peuvent être à la source ou constituer en eux-mêmes – pensez sélection et hiérarchisation de liens - de nombreux articles et débats d'idées qui peuvent renforcer l'originalité et la diversité des opinions au sein même des médias. Et ça pourrait donner suffisamment de matière supplémentaire pour réduire drastiquement la quantité de marronniers publiés ou diffusés tout au long de l'année.



5/ Journalisme de liens :


        Dans le même ordre d'idées, il faut arrêter de se voiler la face quand à la réalité de l'usage d'internet : quand il y a mieux ailleurs, que cet ailleurs soit un autre média ou un média sans journalistes, il est préférable d'orienter ses propres lecteurs directement vers ce média quitte à les perdre temporairement, plutôt que de leur proposer quelque chose d'identique ou d'inférieur. Les gens, contrairement à cet « avant » que je n'ai que peu connu, peuvent instantanément savoir si vous apportez une quelconque valeur ajoutée – pour parler comme Schneidermann – ou non.


        Encore une fois, le côté positif est que vous pouvez gagnez des lecteurs, du prestige, et de la confiance en faisant un réel travail de recherche, sélection fine et diffusion de liens externes, celle-ci pouvant vous permettre, cerise sur le gateau, de laisser un autre média traiter un sujet – ou certaines parties de celui-ci - que vous connaissez moins, et donc de dégager du temps supplémentaire pour la rédaction d'un article sur lequel vous apporterez un contenu réellement nouveau, ou des pistes de réflexions, ou pour agrémenter une analyse d'une infographie, ou ce que vous voulez. Le mot d'ordre pourraît être en ce domaine : si l'article n'apporte rien de plus au lecteur que ce qui existe déjà, alors il n'est pas utile. Un lien vers le meilleur article disponible satisfera tout autant le lecteur, et permettra au journaliste de prendre du temps pour un sujet qu'il traitera de manière plus complète.



6/ Fin du généralisme total pour les rédactions des médias d'information :


        Pour ce qui est des grands journaux généralistes papier, il va falloir trancher, car il est impossible d'être dans l'excellence – seul gage de réussite certaine sur ce média impitoyable qu'est le net – et de tout traiter. Le côté positif des choses est que ces médias « moyennement spécialisés » pourront se permettre d'engager de plus gros moyens, notamment d'investigation, sur les autres sujets, et de traiter ces derniers bien plus en profondeur. Le journalisme de liens est également une piste pour permettre à un média de combler des insuffisances dans des domaines pour lesquels il ne dispose pas des ressources humaines nécessaires.





Des contraintes directement issues des possibilités




1/      Il va être de plus en plus difficile de se servir des contraintes du papier ou d'un autre canal de diffusion pour justifier le non-traitement d'une information, sa réduction à la portion congrue, l'absence d'un document ou rapport sur lequel s'appuie un article, un dossier qui traite trop rapidement des aspects importants d'évènements complexes ou l'absence d'explications visuelles comme les tableaux comparatifs ou les infographies diverses et variées.



        Devant la richesse permise par internet, les journalistes vont donc devoir acquérir des connaissances pour enrichir leur palette de canaux. Ils auront toujours une spécialité - écrit, vidéo, photo, audio - mais aussi d'autres domaines de compétence leur permettant une plus grande liberté, comme la photo, la vidéo, le son, l'infographie ou tout autre domaine permettant d'enrichir la collecte et la diffusion d'informations.



2/      Si dans la collecte d'information, la toile ne peut pas remplacer l'enquête sur le terrain – et ce n'est pas son but - , elle n'apporte pour le reste que des bénéfices notamment en termes de temps. Il n'en est pas de même de la veille, qui si elle est extrêmement efficace, se montre être redoutablement chronophage si on ne fait pas attention.



3/      Les lecteurs, et leurs nombreux commentaires souvent peu intéressants et très critiques, sont désignés comme une des plaies du journaliste sur internet. La masse de commentaires tous plus ineptes les uns que les autres sur les sites des grands médias, ainsi que la faible proportion de lecteurs – souvent les mêmes sur un site donné - qui commentent comparé au nombre de lecteurs total, le tout ajouté au très faible nombre de commentaires qui apportent réellement quelque chose...l'éventuel intérêt du “web 2.0” ne semble pas évident à la lecture de cette liste !


        J'ajoute donc une nuance de taille aux avantages que peut apporter le lectorat via sa participation : un média n'a que les internautes qu'il mérite, à savoir que la qualité de votre lectorat sera strictement égale à la qualité globale de vos articles ajoutée du soin apporté à la gestion des échanges entre le média et les lecteurs.


        Pas besoin d'être grand clerc pour savoir ce que je désigne par “qualité globale de vos articles” , je traiterais par ailleurs cela dans le second billet. Rapidement, disons que cette qualité dépendra le plus souvent du soin apporté à vos articles, que ce soit en termes rédactionnel, d'explications, d'analyse, de justesse des informations ou d'honnêteté intellectuelle.


        La gestion des échanges entre le média et le lectorat : c'est à mon avis un des points d'achoppement majeurs de la compréhension de l'internet, car ce dernier révèle surtout une faille déjà très ancienne. Cela fait également partie du sentiment de perte de confiance des lecteurs pour leurs médias et les journalistes depuis un moment déjà, alors je vais développer.


        Le lecteur a souvent été regardé avec un certain éloignement. Avant internet, ce n'était pas excessivement important pour le média, car ce dernier, de par sa forme même, limitait fortement la visibilité des avis du lectorat. Il y avait le courrier des lecteurs, où on pouvait soigneusement sélectionner les réactions. Puis le fameux “médiateur” , dont il apparut assez vite que le plus fréquemment, celui-ci était chargé de défendre le journal et non de servir de passerelle. Le lectorat est maintenant totalement visible, et celui-ci s'exprime dans les quelques limites que vous lui avez fixées, aux yeux de tous. Ces limites sont cruciales pour qui s'interroge sur la nécessité des commentaires et leur faiblesse générale :


  • Vous limitez les commentaires à un faible nombre de caractères ? Alors vos lecteurs ne pourrront exprimer que des raisonnements simples, des critiques peu argumentées ou des réactions sur le vif.


  • A l'inverse, si vous limitez les commentaires ayant un nombre trop faibles de caractères, il y a des chances que plus de commentaires apportent un réel contenu.


  • Vous encouragez vos lecteurs à “exprimer leurs réactions” ou à “discuter sur le sujet” ? Alors c'est vers quoi ils tendront plutôt que d'apporter de nouveaux renseignements, des réflexions un peu élaborées ou des pistes de réflexion.


  • Mais si vous signifiez clairement au lectorat que les commentaires sont faits pour “partager leurs réflexions” ou “apporter des informations complémentaires” , encore une fois vous poussez vos lecteurs dans une autre direction.


  • Vous exigez une inscription pour commenter ? Alors seuls les plus déterminés se résoudront à ajouter encore un identifiant et un mot de passe à la longue liste à laquelle vous contraignent les sites internet, et vous perdrez inéluctablement un pan important de commentateurs, notamment ceux qui ont réellement quelque chose à dire mais qui n'auront pas l'envie de s'inscrire pour une unique contribution.


  • Vous ne permettez ni liens sortants dans les commentaires, ni possibilité de mettre en page ces derniers ? Alors inéluctablement, ceux-ci seront bien moins lisibles et compréhensibles pour les autres lecteus.


  • Vous ne forcez ou ne proposez aucune relecture des commentaires avant publication ? Alors ceux-ci contiendront un nombre plus élevé de fautes d'orthographe, et les lecteurs perdront une occasion d'améliorer la clarté de leurs réflexions.


  • Et le plus important : vous ne modérez pas, vous externalisez la modération des commentaires, vous ne faites pas de sélection, vous ne les lisez pas ou peu, ou vous ne répondez jamais directement à vos commentateurs ? Cela participe clairement du mépris ressenti par les lecteurs internautes, que vous devez considérer ici – car c'est ainsi qu'eux réagiront – non comme un groupe passif, à distance, mais comme une foule à qui vous feriez une conférence.


  • A cette conférence, vous parlez devant mille personnes d'un sujet délicat, puis vous dites “Vous avez des réactions ? Exprimez-vous !” et quittez la salle en laissant des vigiles chargés d'intervenir uniquement en cas de propos interdits par la loi. Que va-t-il se passer ? Strictement la même chose que sous vos articles : l'anarchie, tout le monde va parler, s'engueuler en ordre dispersé, vous critiquer durement, chacun se rejoignant sur le fait que cela ne servait à rien de proposer de réagir ou de poser des questions si c'était pour ne pas répondre ou même administrer la session de débats.


        Il faut donc à tout prix s'impliquer dans les commentaires ou les espaces de partage - comme des blogs hébergés par le média -  des lecteurs, quitte à recadrer régulièrement les choses et à modérer et sélectionner strictement – surtout quand l'audience est là - , car les commentaires dépendent pour beaucoup du soin qu'on leur apporte.



4/      La participation du public, signe d'une accessibilité totale et à double sens : Le journaliste voit d'un mauvais oeil cette bidirectionnalité du flux éditorial, notamment à cause d'un usage disons peu judicieux de la possibilité laissée au lecteur de commenter – cf. 3/ - , et d'une certaine susceptibilité face aux écrits, il est vrai souvent fort peu tendres avec la profession, des médias “sans journalistes” . La contrainte ici est qu'il va falloir vous y faire, et que si je peux tout à fait comprendre la difficulté qu'il y a à accepter d'être critiqué – parfois violemment - , considérant que cela ne redeviendra pas “comme avant”, mieux vaudrait que les journalistes en prennent leur parti, voire qu'ils se réjouissent d'avoir maintenant la possibilité de lire ce que pensent leurs lecteurs et les corrections ou critiques formulées par ces derniers.



5/      Le journalisme de liens et son acceptation par les médias et journalistes – qui est en cours – demande, comme pour tout ce qui précède, une adaptation des habitudes. Sortir de la nécessité de répéter ce qui a déjà été écrit, de parler de tout, pour concentrer ses compétences sur ce qu'on pourra traiter le mieux. C'est ce que permet le journalisme de liens, à condition d'accepter que le lecteur sorte, aille voir ailleurs sur nos propres conseils, puis revienne. Car ce dernier n'a plus besoin d'acheter un autre journal, nous pouvons sans crainte l'envoyer vadrouiller, et s'il en sort satisfait, alors la sélection précisément de cet article - dans la surabondance d'informations circulant sur internet - aura participé de la qualité des informations disponibles via votre média.


        Ce journalisme peut également être pratiqué directement au sein des articles - c'est l'usage premier des liens hypertextes - offrant par là au lecteur le choix d'approfondir ou non une information particulière, c'est d'ailleurs une bonne habitude qui gagne lentement les rédactions et je ne peux que m'en féliciter.




Conclusion



        Pour les journalistes plus que pour toute autre profession, une adaptation à marche forcée vers l'usage et la compréhension d'internet, de sa logique et de ses usagers semble nécessaire et urgente.


        Pourtant, l'utilisation d'internet peut offrir des possibilités de rêve pour le journalisme et le journaliste, celui-ci peut l'utiliser pour gagner de la confiance, des informations, des analyses, pour la recherche et la veille, pour une focalisation poussée sur un sujet sans léser le traitement d'autres informations, enfin pour se dégager de toutes les contraintes rédactionnelles et de mise en page du papier. Les seuls mots d'ordre de l'utilisation de ce canal de diffusion sont : l'innovation, l'originalité et la richesse du contenu, ainsi que l'écoute et la canalisation des lecteurs.


        Cette adaptation semble possible, et serait certainement facilitée si les journalistes et patrons de presse appréhendaient mieux - voire embrassaient - les possibilités offertes par ce canal de diffusion étonnamment flexible. Et la transition peut se faire en douceur si la profession reconnaît les changements qu'induit internet dans la pratique du journalisme, et donc dans ses contraintes. Je pense en particulier que des formations pourraient être mises en place à l'échelle de la profession et proposées massivement, à défaut de donner plus de pouvoir/d'influence aux jeunes.

 






        Je reparlerai d'internet comme catalyseur possible d'un retour de la confiance du lectorat envers cette profession – du moins une partie - dans le billet à venir, consacré comme je l'ai écrit à la chute vertigineuse de l'image des journalistes et de la confiance des lecteurs ainsi qu'aux pistes à creuser pour rebondir. J'y parlerai également d'une certaine forme de résignation qui semble régner à ce sujet chez les journalistes.




Mise à jour du mardi 16 décembre 2008 : je vous recommande l'article anglophone "7 steps to get the web right" et publié sur le blog Window on the media, destiné spécifiquement aux petites structures mais tout à fait valable également pour les plus grosses. Son intérêt réside notamment dans une bonne description de l'organisation temporelle qui est induite, et qui permet de bien comprendre que migrer efficacement sur internet nécessite d'investir réellement du temps - plus que de l'argent - dans le nouveau canal de communication et ses possibilités. Il est dommage que ce soit justement cela que les grands médias français se refusent à faire.


 

Billet suivant : Crise du journalisme et des médias : 2 - Regagner la confiance

 

 

Publié dans En France

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article