Un immense succès, une immense déception : des ch'tis et du PSG
Ca y est, les Ch'tis sont à deux doigts de faire mieux que La grande vadrouille et ont en point de mire Le Titanic - que j'abhorre par ailleurs, mais restons concentré - et ses 20.7 millions d'entrées. Les médias ; tout empressés à claquer le tas d'or réservé à la promotion - dantesque, plus de la moitié du budget total du film - d'Astérix aux JO qu'ils étaient, avec comme objectif avoué pour les producteurs de faire un film "qui se vende mieux à l'international" que les blagues Nullesques d'Alain Chabat et la diction si particulière de Jamel Debbouze ; se sont fait surprendre par un succès monstrueux, presque incompréhensible. Les chroniques fleurissent, chacun donnant son son de cloche, qui la nostalgie, qui l'époque, pour ma part ce film s'imprime surtout dans la veine des grands succès du cinéma français, et notamment bien sur des succès comiques - même si ceux qui ne le sont pas usent de code identiques.
Les Français, pour sensibles qu'ils soient au matraquage phénoménal de la promo, n'ont pas plébiscité Astérix aux JO - un peu moins de 7 millions d'entrées pour un budget de 80 millions d'euros, autant dire un beau flop au plan national - et se sont par contre rués sur les ch'tis, dont la promo s'est emballée, contrairement aux machines marketing habituelles, après le succès du film dans le Nord tout d'abord puis dans le reste du pays. Et là fut la seule réelle astuce marketing, cette pré-sortie dans le Nord-Pas de Calais qui a permis d'enclencher un bouche à oreille plus positif - car il était logique que le film soit très apprécié dans la région - et un joli petit buzz auprès des médias nationaux, tous bien contents de faire oublier les 2 mois non-stop de promo pour un film au mieux très moyen - Astérix - au profit d'un réel succès populaire. Voilà pour la vente du film proprement dit, qui si elle a certes été faite avec un ingéniosité certaine ne peut absolument pas expliquer un engouement aussi massif - la preuve avec le susnommé Astérix.
Une fois éliminé l'argument du rouleau-compresseur marketing, le film en lui-même :
La réalisation : plutôt dans le haut du panier français, avec un certain dynamisme mais sans faire de l'esbroufe. Dany Boon assume le statut du film quoi, il ne fait pas comme une majorité de réalisateurs français, à savoir filmer au dessus de son cul en pensant que le spectateur veut des effets de manche alors qu'on peut pas se le permettre pour cause de budget ou de talent. Ces choses là sont réservées à l'élite, et n'est pas Jeunet qui veut. En tant que spectateur, j'apprécie cette simplicité de réalisation, Dany Boon sert le film en s'effaçant - sans disparaître - au profit de son histoire et de Kad notamment.
Les acteurs : Bon, ben, là, rien à dire, globalement c'est pas ça, mais la prestation de Kad est énorme, il fait clairement vivre le film - et la réalisation semble l'assumer tout à fait - et Dany Boon, si pas extraordinaire, joue bien son rôle de guide auprès du personnage de Kad et du spectateur, pour finir en rôle de support de Kad et permettre de faire vivre un vrai duo comique le temps de quelques scènes - même si le film joue bien moins sur ce ressort qu'un Weber.
L'humour : Ben oui, me direz-vous, il en faut pour un film comique. Et bien il est là, un peu partout, dans des dialogues, des situations, et quelques gags plutôt bien amenés. Trois scènes resteront pour moi à hurler de rire : Le classique mais tordant ratage de la mutation handicapé, la mémorable séquence d'apprentissage de la sobriété de Kad à Dany Boon, ainsi que la scène - vue et revue apparemment en bande annonce - de la tentative de Kad pour parler ch'ti au restaurant.
Le scénario : Ni original ni vraiment crédible, il est surtout là pour servir les situations. Encore une fois il n'essaye pas de tromper le spectateur, il faut clairement se laisser embarquer dans l'histoire. Crédible ? Non, mais à vrai dire on s'en fout, on n'est pas allé voir un Stalingrad mais une tranche de rire.
L'atmosphère : A mon avis le vrai moteur du succès de ce film, avec des recettes éprouvées par les grands succès au box office français que sont, par exemple, Amélie Poulain, Les visiteurs ou les très bons Weber. A savoir un cadre temporel pas vraiment important, un certain présent, disons, qui peut être plus - le diner de cons - ou moins - Amélie Poulain - réaliste, mais en tout cas jamais significatif dans le déroulement de l'histoire. Une histoire qui, justement, se voudra intemporelle, articulée autour des relations humaines, des préjugés divers, et surtout là pour servir de cadre. Et enfin, le plus important à vrai dire : tout cela doit se faire sans méchanceté vraie, les scènes étant révélatrices de la nature humaine mais ne jugeant jamais, portant une grande tendresse sur ces défauts pour finir sur une éternelle note positive. La morale pouvant en être, quasiment à chaque fois : l'être humain peut être sacrément con, mais s'ouvrir aux autres fait au final ressortir le meilleur en chacun.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce film, la salle a aussi eu l'air d'apprécier - la dernière fois que j'avais vu autant de rires, c'était au diner de cons - , et effectivement, 2h de franche rigolade dans une ambiance bon enfant, je crois que personne ne crache dessus en ce moment, ce qui peut expliquer à la marge le nombre aussi impressionnant de spectateurs. Pour moi, bien qu'aucune comparaison ne puisse être faite, Bienvenue chez les ch'tis me semble clairement être dans la lignée de La grande vadrouille et un succès similaire ne me semble pas immérité - pardon pour la contradiction, elle vous est offert, je n'ai pas trouvé comment mieux l'exprimer :-) . Enfin, similaire, il faudrait aussi comparer ce qui est comparable, hors la population française a explosé depuis Bourvil et De Funès. CQFD faudrait 25 millions d'entrées pour que les ch'tis aient un ratio similaire.
Trêve de plaisanteries, passons à la finale de la Coupe de la Ligue, gagnée - 2 à 1 - par le PSG. Mais ça, tout le monde s'en fout. Les supporters du PSG - et là je pense au fameux kop de Boulogne - ont gaché ça en surfant sur le film de Dany Boon - qui, du coup, a son mot à dire sur l'affaire - et, comme à leur habitude avec la banderole "Chomeurs, pédophiles, consanguins : Bienvenue chez les ch'tis" sortie à l'emplacement occupé par les Boulogne Boys dans le Stade de France, ont déchainé la France entière. Encore une fois, on va nous sortir une loi pour ce cas spécifique parce que les précédentes - la plupart faites par Sarkozy alors ministre de l'Intérieur - ont été rédigées à la va-vite pour coller à l'actualité et ne prévoient pas ce cas de figure précis. Et les coupables s'en tireront à bon compte, non-rétroactivité des lois - ce qui est normal - aidant.
Alors que le ménage aurait du être fait depuis des années, avec des restrictions sévères - pourquoi pas sur le modèle anglais - , les Boulogne Boys se permettent un communiqué pour se dédouaner ; alors que, franchement, qui croira une seconde qu'il suffit d'une "minorité" pour déployer une banderole de 50m de long sur 4m de large dans une tribune occupée intégralement par un unique groupe de supporters ultras, le tout sans que les "patrons" du groupe ne soient au courant ?
Les Français, pour sensibles qu'ils soient au matraquage phénoménal de la promo, n'ont pas plébiscité Astérix aux JO - un peu moins de 7 millions d'entrées pour un budget de 80 millions d'euros, autant dire un beau flop au plan national - et se sont par contre rués sur les ch'tis, dont la promo s'est emballée, contrairement aux machines marketing habituelles, après le succès du film dans le Nord tout d'abord puis dans le reste du pays. Et là fut la seule réelle astuce marketing, cette pré-sortie dans le Nord-Pas de Calais qui a permis d'enclencher un bouche à oreille plus positif - car il était logique que le film soit très apprécié dans la région - et un joli petit buzz auprès des médias nationaux, tous bien contents de faire oublier les 2 mois non-stop de promo pour un film au mieux très moyen - Astérix - au profit d'un réel succès populaire. Voilà pour la vente du film proprement dit, qui si elle a certes été faite avec un ingéniosité certaine ne peut absolument pas expliquer un engouement aussi massif - la preuve avec le susnommé Astérix.
Une fois éliminé l'argument du rouleau-compresseur marketing, le film en lui-même :
La réalisation : plutôt dans le haut du panier français, avec un certain dynamisme mais sans faire de l'esbroufe. Dany Boon assume le statut du film quoi, il ne fait pas comme une majorité de réalisateurs français, à savoir filmer au dessus de son cul en pensant que le spectateur veut des effets de manche alors qu'on peut pas se le permettre pour cause de budget ou de talent. Ces choses là sont réservées à l'élite, et n'est pas Jeunet qui veut. En tant que spectateur, j'apprécie cette simplicité de réalisation, Dany Boon sert le film en s'effaçant - sans disparaître - au profit de son histoire et de Kad notamment.
Les acteurs : Bon, ben, là, rien à dire, globalement c'est pas ça, mais la prestation de Kad est énorme, il fait clairement vivre le film - et la réalisation semble l'assumer tout à fait - et Dany Boon, si pas extraordinaire, joue bien son rôle de guide auprès du personnage de Kad et du spectateur, pour finir en rôle de support de Kad et permettre de faire vivre un vrai duo comique le temps de quelques scènes - même si le film joue bien moins sur ce ressort qu'un Weber.
L'humour : Ben oui, me direz-vous, il en faut pour un film comique. Et bien il est là, un peu partout, dans des dialogues, des situations, et quelques gags plutôt bien amenés. Trois scènes resteront pour moi à hurler de rire : Le classique mais tordant ratage de la mutation handicapé, la mémorable séquence d'apprentissage de la sobriété de Kad à Dany Boon, ainsi que la scène - vue et revue apparemment en bande annonce - de la tentative de Kad pour parler ch'ti au restaurant.
Le scénario : Ni original ni vraiment crédible, il est surtout là pour servir les situations. Encore une fois il n'essaye pas de tromper le spectateur, il faut clairement se laisser embarquer dans l'histoire. Crédible ? Non, mais à vrai dire on s'en fout, on n'est pas allé voir un Stalingrad mais une tranche de rire.
L'atmosphère : A mon avis le vrai moteur du succès de ce film, avec des recettes éprouvées par les grands succès au box office français que sont, par exemple, Amélie Poulain, Les visiteurs ou les très bons Weber. A savoir un cadre temporel pas vraiment important, un certain présent, disons, qui peut être plus - le diner de cons - ou moins - Amélie Poulain - réaliste, mais en tout cas jamais significatif dans le déroulement de l'histoire. Une histoire qui, justement, se voudra intemporelle, articulée autour des relations humaines, des préjugés divers, et surtout là pour servir de cadre. Et enfin, le plus important à vrai dire : tout cela doit se faire sans méchanceté vraie, les scènes étant révélatrices de la nature humaine mais ne jugeant jamais, portant une grande tendresse sur ces défauts pour finir sur une éternelle note positive. La morale pouvant en être, quasiment à chaque fois : l'être humain peut être sacrément con, mais s'ouvrir aux autres fait au final ressortir le meilleur en chacun.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce film, la salle a aussi eu l'air d'apprécier - la dernière fois que j'avais vu autant de rires, c'était au diner de cons - , et effectivement, 2h de franche rigolade dans une ambiance bon enfant, je crois que personne ne crache dessus en ce moment, ce qui peut expliquer à la marge le nombre aussi impressionnant de spectateurs. Pour moi, bien qu'aucune comparaison ne puisse être faite, Bienvenue chez les ch'tis me semble clairement être dans la lignée de La grande vadrouille et un succès similaire ne me semble pas immérité - pardon pour la contradiction, elle vous est offert, je n'ai pas trouvé comment mieux l'exprimer :-) . Enfin, similaire, il faudrait aussi comparer ce qui est comparable, hors la population française a explosé depuis Bourvil et De Funès. CQFD faudrait 25 millions d'entrées pour que les ch'tis aient un ratio similaire.
Trêve de plaisanteries, passons à la finale de la Coupe de la Ligue, gagnée - 2 à 1 - par le PSG. Mais ça, tout le monde s'en fout. Les supporters du PSG - et là je pense au fameux kop de Boulogne - ont gaché ça en surfant sur le film de Dany Boon - qui, du coup, a son mot à dire sur l'affaire - et, comme à leur habitude avec la banderole "Chomeurs, pédophiles, consanguins : Bienvenue chez les ch'tis" sortie à l'emplacement occupé par les Boulogne Boys dans le Stade de France, ont déchainé la France entière. Encore une fois, on va nous sortir une loi pour ce cas spécifique parce que les précédentes - la plupart faites par Sarkozy alors ministre de l'Intérieur - ont été rédigées à la va-vite pour coller à l'actualité et ne prévoient pas ce cas de figure précis. Et les coupables s'en tireront à bon compte, non-rétroactivité des lois - ce qui est normal - aidant.
Alors que le ménage aurait du être fait depuis des années, avec des restrictions sévères - pourquoi pas sur le modèle anglais - , les Boulogne Boys se permettent un communiqué pour se dédouaner ; alors que, franchement, qui croira une seconde qu'il suffit d'une "minorité" pour déployer une banderole de 50m de long sur 4m de large dans une tribune occupée intégralement par un unique groupe de supporters ultras, le tout sans que les "patrons" du groupe ne soient au courant ?