La tardive réplique des encyclopédies papier à Wikipedia

Publié le par Moktarama

        Comme vous avez pu le constater, je m'intéresse grandement à l'évolution de la propagation universelle de la connaissance, et plus largement de l'information non prémachée. Et l'actu est riche en ce moment sur le sujet. Ainsi, depuis 15 jours les encyclopédistes « papier » que sont Britannica et Larousse se dont décidés à venir concurrencer Wikipedia sur son propre terrain - à savoir la connaissance gratuite en ligne – par des méthodes très différentes.

        Mais d'abord, faisons un état des lieux : les grandes encyclopédies ont quasiment totalement disparu de la circulation face à internet
– et Wikipedia bien sûr - , en effet qui va aller payer plus de mille euros pour 20 tomes dont le savoir va se faner à moyen terme alors que le quasi-équivalent est disponible sur Wikipedia ou le reste d'internet pour rien, et ce avec une ergonomie – les liens hypertextes – inégalable par le papier ? Seules les petites encyclopédies types « Petit Larousse » survivent à peu près, leur faible prix étant un atout certain.

        Alors, certes, on peut arguer que les encyclopédistes se sont mis au CD-ROM puis au web, ayant des sites payants depuis des années. Seulement, et c'est bien le problème, leurs tarifs n'ont pas été revus avant 2005 ! Ainsi,
l'Encyclopedia Universalis propose un abonnement spécial édition famille – grosse grosse promo donc – pour...20 € par mois. La Britannica fait de gros efforts et pour 7,50 € par mois propose un accès illimité.
 

Une bien belle devise...

        Larousse, quand à lui, a choisi une voix assez révolutionnaire dans le secteur : ils transfèrent leur contenu encyclopédique - la
Grande Encyclopédie papier ayant eu une vie très brève de 1960 à 1964 - intégralement en ligne. L'accès sera, lui, totalement gratuit, et ouvert aux contributeurs – reconnus dans leur spécialité apparemment, comme pour le projet Encyclopedia of Life - pour compléter mais non modifier les articles...et faire en douceur dans leurs commentaires la promotion des ouvrages de l'éditeur, dixit la directrice adjointe des encyclopédies Larousse :-) Cela ne me pose pas spécialement de problèmes, une source d'information complémentaire - de surcroît dont les articles sont « fiabilisés » , c'est d'ailleurs l'argument majeur - n'est jamais à dédaigner. Pour l'instant, le site est réservé aux bêta-testeurs que sont les acheteurs du Petit Larousse 2008, qui ont un mot de passe dans leur achat. Rendez-vous cet été pour un petit essai du site !


        La vénérable Encyclopedia Britannica a quand à elle choisi un systême hybride, reposant essentiellement sur la certitude de la grande valeur ajoutée des articles par rapport à n'importe quel autre support, avec Wikipedia en ligne de mire. Ainsi, ils proposent depuis une semaine aux blogueurs et gérants de sites un accès gratuit – après inscription – et total au contenu en ligne, mais surtout la possibilité de placer des liens hypertextes sur son site/blog vers Britannica, dont les articles seront alors eux aussi lisibles librement par le lecteur curieux. Une bien bonne idée si le contenu est vraiment supérieur à ce qu'on peut trouver ailleurs.

        Forcément, votre serviteur
s'est inscrit sur le site consacré à l'initiative de Britannica, nous verrons bien si la générosité de l'éditeur s'étend aux blogs francophones inconnus. Si vous êtes dans le même cas, n'hésitez pas à vous inscrire, c'est rapide, et en plus ça me permettrait de voir un peu la sélection qui est faite par l'éditeur. Un enregistrement peu restreint serait en effet de bon augure s'ils veulent combattre réellement Wikipédia sur la connaissance de masse, ce qui semble leur positionnement vu le coût assez raisonnable de l'abonnement. Je serais bien sûr rejeté si jamais le seul but est de se repositionner en termes d'image de luxe du savoir, auquel cas les sites seront passés par un crible sévère.

De toute manière, vous entendrez reparler ici prochainement de ces deux initiatives, et peut-être que des liens vers des articles Britannica ou Larousse apparaîtront si ce qu'ils proposent est supérieur à Wikipedia, notamment dans la synthèse et la clarté du savoir dispensé - importantes pour le rédacteur comme pour le lecteur. Je n'ai semble-t-il pas fini de me réjouir des possibilités offertes au plus grand monde par ce média ubiquitaire qu'est le web.


PS : Par ailleurs, j'ai oublié de vous parler d'une autre information dans le domaine du savoir : pour les passionnés de Darwin et de la théorie de l'évolution, ou ceux qui veulent approfondir, l
'Université de Cambridge, dépositaire des fonds de Charles Darwin, a mis en ligne quasiment tous les documents consacrés à sa théorie de l'évolution, disponibles gratuitement sur ce site créé tout exprès. Tout un chacun peut ainsi consulter ces documents historiques, et nul doute que cela viendra enrichir de nombreux articles de Wikipédia.


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